Dans les régimes de retraite financés par répartition, ce sont les actifs qui, en payant des cotisations, financent les pensions de retraite. A défaut de constituer une information, cette introduction rappelle pourquoi la démographie importe tant lorsqu’il s’agit de statuer sur l’équilibre financier présent et à venir du système de retraite français.
Pour en juger très simplement, il est utile de citer trois ratios :
• Il y avait 8 personnes d’âge actif (15-64 ans) pour 1 retraité (de plus de 65 ans) en 1900
• 4 pour 1 en 2000
• Et il y en aura moins de 2 pour 1 en 2050
Autrement dit, il y aura de moins en moins d’actifs pour financer de plus en plus de retraités.
Deux précisions peuvent être d’ores et déjà faites. En France, où le taux de fécondité reste élevé, cette évolution lourde est liée à celle de l’espérance de vie. En outre, ces gains d’espérance de vie touchent tous les pays développés de manière importante (Graphique 1).
Il en découle qu’il s’agit d’un phénomène irréversible et sans échappatoire. Ni un recours massif à l’immigration, ni une relance de la fécondité ne peuvent inverser voire stabiliser le mouvement. Et cela est principalement dû au fait que les nouveaux enfants ou immigrés, bénéficiant également d’une espérance de vie plus élevée, contribueraient plus dans leur période d’activité et toucheraient donc une retraite durant plus de temps en devenant inactifs. D’où la nécessité de conduire tout exercice de prévision en matière de retraite sur le long terme.
A ce stade, il est utile de revenir sur les liens entre financement de la retraite et marché du travail. Comme on l’a dit, le financement des régimes de retraite est étroitement lié à l’équilibre démographique.
Le marché du travail a peu d’importance dans un régime simple en répartition. Les salaires d’aujourd’hui sont les cotisations d’aujourd’hui mais également les pensions de demain. A long terme, peu d’impact donc, du taux de chômage sur l’équilibre des régimes de retraite. A ceci près que la réforme des retraites de 2003 (dite réforme Fillon), prévoit la « bascule » des excédents du régime d’assurance chômage vers le régime d’assurance vieillesse dans la limite de 3 points. Cette réforme rend donc l’équilibre du régime de retraite sensible aux hypothèses faites quant au taux de chômage. Autrement dit, si le taux de chômage tombe à un niveau très bas (en-deçà de 6,5 %), il y a excédent du régime d’assurance chômage et donc transfert vers l’assurance vieillesse. Le taux de chômage étant élevé, ces transferts n’ont pas été opérés.
On peut néanmoins simuler ce que serait le solde de l’assurance vieillesse selon différents taux de chômage, donc avec ou sans transferts. Le tableau 1 montre précisément les déficits du régime de retraite français (secteur privé uniquement) avant la réforme de 2010 tandis que le tableau 2 montre ces déficits après la réforme.
Sur les deux tableaux, deux hypothèses de taux de chômage sont effectuées : l’une optimiste avec un taux de 4,5 %, l’autre pessimiste avec un taux de 8 %. L’observation du tableau 2 montre ici clairement que la réforme de 2010-2011, en augmentant l’âge de la retraite à 62 et 67 ans, diminue le déficit résiduel si le marché du travail répond à ses exigences (autrement dit si le taux de chômage atteint le niveau « optimiste », autrement dit encore si les travailleurs les plus âgés travaillent effectivement). En outre, le tableau 2 montre le creusement du déficit : même avec le taux de chômage le plus bas, après 2018, arrivée à « maturité » de la réforme de 2010.
Sauf à réformer massivement le marché du travail français, il faudra réformer durement le régime de retraite qui, même à horizons courts, sera alors loin d’être équilibré, ce qui constituerait un obstacle supplémentaire à l’objectif de diminution des déficits publics. Or, comme montré par les simulations, les taux de remplacement (rapports des pensions d’une génération donnée au salaire moyen de l’économie) sont programmés à la baisse dans les prochaines années et ne présenteront de fait plus la générosité passée.
C’est donc à une réforme structurelle qui ne pourrait sauvegarder que les retraites des plus défavorisés qu’il faut s’attendre sans amélioration patente du marché du travail. Dans cette situation, alors qu’ils jouent encore un rôle modeste dans les revenus des retraités, les produits d’épargne retraite devraient voir leur place croître.
source : CERINEWS Sept-Oct 2012
Remerciements : CERENICIMO
Publié le 02/10/2012
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Indépendance Royale
le 04/10/2012 à 08:33Avec la hausse constante de l’espérance de vie, il y aura bientôt plus de retraités que d'actifs. Il serait plus que temps de revoir le financement du système de retraite.